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Faire la lumière sur la pollution

Un lidar installé tout près du mont Bellevue permet à l'équipe du professeur Norm O'Neill de scruter les particules présentes dans l'atmosphère.
Un lidar installé tout près du mont Bellevue permet à l'équipe du professeur Norm O'Neill de scruter les particules présentes dans l'atmosphère.
Photo : Michel Caron

23 octobre 2008

Sandra Boissé

Quel est ce mystérieux faisceau vert qui illumine le ciel de Sherbrooke depuis quelques jours? L'Université de Sherbrooke, en collaboration avec Environnement Canada, vient d'installer un nouvel appareil de détection, un lidar, à sa station de géomatique pour analyser d'où proviennent les particules présentes dans l'atmosphère.

Depuis le 9 octobre, ce faisceau vert au-dessus du mont Bellevue compile continuellement des données sur l'atmosphère. Il sera en fonction pour une période de cinq ans. L'équipe du professeur Norm O'Neill, du Département de géomatique appliquée, pourra ainsi étudier le comportement des fines particules suspendues dans l'air – les aérosols. Les chercheurs identifieront par exemple la provenance des particules de fumée qui se trouvent parfois dans le ciel et qui voyageraient d'aussi loin que la Russie. Ils évalueront également les données recueillies par cet instrument ultramoderne, premier du réseau CORAL.net à être utilisé dans l'est du Canada, dans le but de mieux comprendre les effets de la pollution à l'échelle mondiale.

Les recherches du professeur O'Neill portent sur la qualité de l'air, notamment les variations atmosphériques causées par les aérosols, et sont menées en collaboration avec des chercheurs d'Environnement Canada, dont Kevin Strawbridge et Bruce McArthur. Leurs équipes travaillent sur CORAL.net, un réseau national de lidars qui scrutent l'atmosphère en employant un système de commande fondé sur Internet. En surveillant les aérosols atmosphériques, les chercheurs de Sherbrooke espèrent fournir d'importantes données complémentaires pour AEROCAN, un réseau national de mesures des aérosols géré par Environnement Canada en collaboration avec l'équipe de l'Université de Sherbrooke.

Suivre les aérosols à la trace

Actuellement, on sait que les gaz à effet de serre sont la cause principale du réchauffement de la planète, alors que les aérosols entraînent plutôt un refroidissement. Toutefois, il y a des incertitudes importantes quant à leur incidence ou leur rôle direct. Les données qui seront recueillies avec le lidar de Sherbrooke au cours des cinq prochaines années visent notamment à mieux comprendre les effets des aérosols.

«Nous assistons à une véritable révolution, explique le professeur O'Neill. Des appareils de télédétection sont maintenant installés aux quatre coin de la planète et permettent à des chercheurs de partout à travers le monde de croiser les données qu'ils recueillent. L'accès à ces données et les modèles de comportement des aérosols assurent un avancement important des connaissances. Nous pouvons désormais évaluer avec justesse les trajectoires parcourues par les particules, et déterminer, par exemple, les influences d'un feu de forêt qui se produirait en Russie sur la qualité de l'air à Sherbrooke», dit-il.

Lueur verte, lueur d'espoir!

Le professeur Norm O'Neill travaille à analyser les particules en suspension dans l'air captées par le faisceau lumineux du lidar.
Le professeur Norm O'Neill travaille à analyser les particules en suspension dans l'air captées par le faisceau lumineux du lidar.
Photo : Michel Caron

Révolution vous dites? De plus en plus, les données géomatiques sont recueillies, puis appliquées à différents secteurs de recherche : administration, transport, santé, et autres. Les applications sont sans limite parce que le croisement des données et les modèles permettent de comprendre le rôle de différentes variables. L'objectif ultime de ces recherches est de fournir le plus de connaissances possible au sujet des particules atmosphériques. Des connaissances qui permettront de déployer de nouvelles mesures actives pour l'amélioration des conditions environnementales à l'échelle mondiale.

Le faisceau étroit qui illuminera le ciel de Sherbrooke au cours des prochaines années risque de susciter beaucoup de questionnements dans les environs du mont Bellevue. Les impulsions émises par le lidar seront bien visibles durant la nuit et permettront de recueillir des données porteuses d'espoir pour l'environnement.

La géomatique à Sherbrooke

L'équipe de géomaticiens de l'Université de Sherbrooke travaille sur de nombreux projets à l'échelle planétaire. Les deux pieds sur Sherbrooke, elle mesure, grâce à la télédétection, des données qui influencent l'environnement un peu partout dans le monde. Au cours des dernières années, les différentes équipes de chercheurs liés au Centre d'applications et de recherches en télédétection et du Département de géomatique appliquée de l'UdeS ont obtenu plusieurs millions de dollars en subventions et contrats. Cette vitalité du Département a évidemment contribué au déploiement de la géomatique dans différents secteurs et à la réputation de l'équipe sherbrookoise.